samedi 28 juin 2008

J'ai besoin de toi...

Chère Houyam,

Ta lettre m’a redonné le sourire…

Ton espièglerie me tire d’une mélancolie pernicieuse qui s’est installée sans préavis dans ma vie… tu me diras que la tristesse ne préviens jamais et je te dirai que combien même elle nous fait part de son arrivée, on ne se prépare jamais assez pour l’accueillir… mais je ne suis pas triste non… juste déçue… lasse des jeux de la vie… et de l’amour…

Te souviens-tu de mes amourettes du lycée ? et comment je venais te retrouver le soir après les cours avec une tête en l’air et un sourire débilisé par un béguin idiot ? oui, dans le temps j’y adhérais à mon délire et je prenais mal tes fous rires exaspérants devant mon idéalisation inepte du voisin ignare au torse entestostéroné et au cerveau sacrifié au culte du corps et culture de la beauté… il faut avouer que je m’entichais toujours de beaux pans qui me faisaient perdre mes moyens et ma jugeote…
Toi tu avais un penchant pour les Bad boys ténebreux qui cachaient un côté obscur sous les voiles de pétards roulés aux vestiaires… ils étaient pourtant tous des génies tes mecs ! Depuis Rabie qui dealait pour pouvoir se payer ses études à l’EMI à Jad le petit Hacker qui détournait des sous du compte de son père !

Les goûts et les couleurs ne se discutent pas certes mais changent heureusement ! je crois que ma matière grise ne me permet plus certaines bassesses et la tienne s’accroche à la terre ferme pour t’empêcher de planer loin du bon sens !
J’ai rencontré d’autres hommes… différents et certes moins légers du cerveau comme des meurs… mes amours, alors épurés de la naïveté puérile, sont devenus plus sages et forcément moins intenses… moins incendiaires… je ne pleure plus pour l’amour perdu d’un homme car je perds l’homme mais jamais l’espoir d’aimer à nouveau… pour de vrai…

Je sais que ton ex mari n’avait de pervers que son penchant pour le métal à ses heures perdus… tu m’en avais parlé lorsqu’il n’était encore qu’un soupirant inapte à séduire la belle rebelle que tu faisais… tu m’avais proposé alors de me le passer et je t’avais dit que je le prendrais bien s’il avait une mention artiste sur son pauvre CV. Je vivais tout de même en Italie où les dieux romains et les anges débarrassés de leurs ailes roulaient en voiture et ingurgitaient des Pastas à longueur de temps !

Houyam, je ne sais pas si on a eu tort de s’éloigner l’une de l’autre… depuis mon départ en Italie et je n’ai jamais accepté cette amputation physique à toi… mais je l’ai vécue comme une fatalité avec amertume et l’espoir follet de trouver amis dans mes amours et mes connaissances… je prenais de tes nouvelles en rentrant à chaque fois sans essayer de te contacter, comme pour ne pas raviver notre amitié… et tu en faisais autant… ma sœur me racontait tes histoires et maman me transmettait tes amitiés… et puis il y a eu les bouquets de fleurs et les boites de chocolats… les cadeaux, les cartes… mais jamais de lettres…

Aujourd’hui, comme tu l’as si bien compris j’en suis au désespoir de trouver une Houyam autre que toi… d’ailleurs je n’en ai aucune envie… je sais avec certitude que tu es la même et que nos liens ne se sont jamais ébréchés…

Tiens ! je suis en larmes… ça ne m’est plus arrivé depuis un bail… ce ne sont pas là des larmes de joie idiote ! ni de tristesse non plus… mais une sorte de délivrance… j’ai accouché de mon mal et ça ne se passe jamais sans quelques spasmes et douleurs je suppose…

Houyam J’aime… et cette fois pour de vrai…

Je m’apprête à quitter Majd le gentilhomme qui n’est plus pour moi qu’une ombre transparente qui me sert à mieux admirer Adam… son oncle…

Oui je sais que tu souris maintenant… vilaine comme tu peux être ! là tu dois carrément pouffer de rire… vas y ne te gêne pas ! j’en ai le sourire rien qu'à t’imaginer…

Mais c’est sérieux… je t’en dirais plus la prochaine fois allez ! Suspens mortel !

Houyam… je t’aime…

Farah

lundi 9 juin 2008

Creuse...la lumière est au fond

Chère Farah,

Quel immense plaisir de te retrouver…même si nous ne nous somme jamais perdues.
Et quelle inquiétude tu m’inflige !
Je ne m’inquiète point pour ton état de femme indécise, perdue dans ces choix, dans sa vision du monde ou d’elle-même. Cela, tu l’as toujours été et c’est ce qui fait de toi une femme délicieuse, un être à part entière, l’enfant délicate et spontanée qui viendra toujours de loin, de très loin parfois, pour embaumer l’air de parfum de roses et embellir les lys de rosées…pour me rappeler à son bon souvenir, pleurnicher dans mes bras en me racontant des histoires d’amour…

Pleurnicharde adorée…tu m’as manqué !

Et oui ! Tu m’inquiète !

Le ton de ta lettre me tourmente car il y a dans le non écrit un sentiment nouveau, une crainte inavouée, un brin de désespoir que je ne te connaissais pas. Il y a cette Farah qui se cherche dis-tu…mais voyons ! Elle possède toutes les clefs ma Farah, mon amie…cette autre moi qui jamais ne s’est absentée, ni de ma mémoire, ni des élans de mon cœur.

N’oublies pas qu’il y a en nous, et cela nous l’avions découvert jadis quand nous étions encore jeunes donzelles effarouchées par les hommes, la vie et ses tourment…le plus grand, le plus humble et le plus tenace des sentiments…l’amitié !

Tu n’avais nullement besoin de te sentir perdue pour essayer de m’écrire ou de me retrouver…j’étais là, à l’affut du premier signal pour venir t’offrir mes bras à pleurer. J’étais là le jour de tes fiançailles…par mon absence !

Comment aurais-tu pu imaginer un seul instant que je m’absenterais d’un si important événement dans ta vie ? Je t’ai envoyé les Lys…tu es maligne. Mon cœur refusait cette union car ce soir là battait en lui le tien propre…et il ne voulait pas de cet homme…
Tu aurais dû comprendre !

Il n’est jamais trop tard chère amie. Je suis contente que les doutes commencent à s’installer enfin, mais je reste sceptique qu’ils ne se soient totalement révélés.

Cherches au fond de toi, dans tes souvenirs et au-delà de tes aspirations même ce qui pourrait t’apporter le bonheur, les réponses et surtout les bonnes questions. « Creuse car la lumière est au fond »…C’est le mieux que je puisse te conseiller pour le moment.

Tiens, je ne t’ai pas vu aux funérailles de Driss Chraibi…nos éclats de rires en le lisant me manquent plus qu’autre chose.

Au fait, tu as parlé de mon épanouissement…de ma réussite. Saches que je me cherche encore, peut être avec moins de tourments que toi, avec plus de questionnements surement, mais surtout avec une légèreté déconcertante qui me fait m’étonner moi-même.
Un jour je te raconterais l’histoire de mon mariage, de mes échecs et mes réussites. L’histoire de ma dépendance…

Chère amie, puisses-tu retrouver la paix, t’envoler dans ce monde le cœur libre et l’esprit léger et faire enfin comme les tournesols…aspirer toujours vers les rais de soleil.

En attendant de te fatiguer encore plus, les méninges et non tes jolis doigts aux ongles french-manucurés, en attendant de te voir faire accoucher les détails aux détails… je t’embrasse.

Houyam

Retrouve moi...

Bonjour Houyam,

Je te parle comme à moi-même…
Tu es cet autre Moi quand je me dédouble pour m'affronter, m'écouter et me railler…Tu es cet être inconnu qui connaît de moi cette profondeur que je ne sais sonder… ce noir que je ne puis voir…
Et si ce soir je te parle après m'être noyée dans l'absence c'est parce que j'en suis au point décisif où j'ai besoin de me retrouver pour ne pas me perdre à jamais…
Moi je me dis qu'on s'est pas vraiment perdues parce qu'on est, l'une est l'autre, liées par je ne sais quel tissage invisible qui ne risque pas de s'effilocher… aujourd'hui j'ai besoin de remonter les fils de notre histoire pour recouvrer mes esprits…

J'imagine que ton sourire, illuminé de trouver ma lettre, s'est évanoui à la lecture de ces lignes… Je ne veux pas t'inquiéterJ, je me porte bien et tout va pour le mieux depuis la dernière fois qu'on s'est vues… ça remonte à si longtemps, n'est ce pas ? Mais on ne s'est jamais perdues…

J'ai su que tu as brillamment réussi dans ton boulot, que tu fais partie maintenant de cette élite qu'on sollicite et qu'on gagne à avoir sur son répertoire, j'ai su pour tes histoires de cœur, celles qui t'ont comblée et les autres qui n'étaient que de faux pas dans ta marche décidée vers l'épanouissement…
Je sais aussi que tu prends souvent de mes nouvelles et que ces fleurs de Lys que j'avais reçues à mes fiançailles étaient de toi, puisque personne ne connaît l'amour que je porte à cette fleur.. Aucun homme, même pas ce fiancé que je m'apprête à quitter… pour l'amour d'un autre… un autre amour impossible

En parlant de fiançailles, je ne t'en veux pas de t'être absentée… tu savais bien dans le temps que c'était voué à l'échec, qu'une femme comme moi, toute faite en rêves et en romance, ne pouvais finir en femme au foyer comblée au four et aux câlins de fin de journée...

Ce qui me prend dernièrement me confronte aux choix que j'ai faits dans ma vie et à cette part de personne apparente de moi qui ne me cerne qu'à moitié… ou même moins…
Aujourd'hui je me pose La question : qui suis-je ? J'ai donc besoin de toi pour me lire… ne me guide pas mais éclaire mes fonds afin que je me saisisse déjà puis me ressaisisse!

Houyam ma chérie… tu ne m'as pas manquée puis ce que tu as toujours été présente dans ma vie… par contre tu me fatigues ! Ça fait si longtemps que je n'ai pas écrit de lettre ! Tu me le paieras cher si j'attrape une ankylose des doigts!

J'attends un écho pour t'en dire plus sur ce qui se trame…

Puisse le vent te porter mon baiser…

Mwah al khayba



FARAH