lundi 15 septembre 2008

machiavélique...

Chère Houyam

Excuse mon retard, j’ai failli ne plus jamais répondre !
Ne crains rien ! je n’ai pas tenté de me suicider… la vie est trop étonnante pour se décider à la quitter décidément ! et la mienne a été particulièrement surprenante dernièrement !
Après avoir palpé, grâce à ta lettre, la tristesse qui devait te tirailler les entrailles après ta séparation ou devrais-je dire ton sevrage, puisque tu insistes sur le mot dépendance, j’ai pris peur, tout simplement ! je me suis mise à calculer les risques, à cerner les probabilités et à imaginer le degré de ma dépendance à moi dans un an, ou deux…
Il faut dire que je n’avais plus la tête à penser, mon instinct de survie s’étant emparé des rennes… il fallait fuir comme tu disais dans ta lettre ! je me rappelai de la fille dont tu parlais… cette Farah allègre et joviale qui aimait pour vivre... et je ne la retrouvai plus ! l’actuelle vivait pour aimer… d’un amour qui devenait létal...
Mais suivant ton conseil et me décidant à quitter Majd pour fuir Adam, je me suis heurtée à une résistance atroce de la part de ma famille… ma mère s’est transformée en louve féroce oeuvrant pour me protéger contre mes démons… ma sœur m’en a voulu à mort rien qu’à l’idée que je puise oser déchiqueter le cœur de Majd…
La pire réaction fût celle de mon père : il jugea bon d’informer Adam de ma décision de façon à ce que celui là travaille de son côté au maintien du couple modèle !
Tu m’imagines Houyam en train d’entendre de la bouche de mon Amour les milles et une raisons pour rester aux côtés d’un autre ?
J’en ai eu le rire hystérique pendant des nuits d’insomnie et de délire ! Les journées par contre, je devais recevoir Majd en bonne fiancée, pleine de joie et d’enthousiasme à l’idée de finir sienne, sous la menace de me faire écarteler par ma famille qui ne m’accordait aucun répit, aucune seconde qui puisse trahir une triste vérité dont il ne s’est pas douté un moment !
Plus aucune rencontre en tête à tête ne m’était accordée… c’est presque drôle de le dire à mon âge et plus particulièrement dans ma situation, mais j’ai effectivement été privée de sortie et de téléphone pour ne pas essayer de le contacter en cachette !
Les fois où je le rencontrais, Adam était là… silencieux et sombre mais son regard me brûlait de questions qui me roussissaient la face… à chaque regard interrogateur de sa part j’aurais aimé crier « Je t’aime » d’un ton vengeur et lui clouer le bec une fois pour toute !
Dès que je me trouvais seule avec lui, ou pendant les longues entrevues qu’on avait depuis la décision fatale -et que j’attendais non sans plaisir intense mêlé à l’amertume de devoir débattre de mon sort-, je l’affrontais du regard pour tenir tête à son air imposant et je réussissais pas mal… mais non sans ramollir du cœur à chaque coup d’œil indulgent qu’il me lançais…
Ma vengeance, j’ai fini par l’avoir !
Mon passeport confisqué, j’ai annoncé à tout le monde, en présence de Majd que j’irais me reposer quelques jours à Assila. Je savais que personne n’oserait s’opposer à ma décision devant lui. Je voyais les regards se heurter maladroitement en cherchant prétexte pour m’en empêcher. Ma mère me proposa de me faire accompagner par ma sœur qui, elle, n’était pas chaude à cette idée… j’imagine qu’ils craignaient que je disparaisse et ils avaient raison…
Il était donc clair que je devais trouver le moyen de leur faire accepter la chose avant le départ de Majd et ce fût là que j’eus l’idée machiavélique !
Crois moi Houyam, j’ai le sourire aux lèvres et l’âme endiablée !
Je me suis tout simplement retournée vers Adam et je lui ai proposé de m’accompagner !
Oui ! tu peux hurler ou rire ou ce que tu veux : je l’ai fait !
Devant son regard stupéfait j’ai expliqué que je ne pouvais pas conduire toute seule et que du moment que lui connaissait bien la route, je ne trouverais pas meilleur compagnon de voyage…
Mes parents étaient confus mais n’ont trouvé aucun mal à cela ! Adam était l’oncle de Majd après tout !
Lui ? Qu’est ce tu crois ?
Il a fini par dire oui !!
Voilà, on part demain pour Assila ! Ma mère m’a menacée de me tuer si j’ose fuir la surveillance de Adam… ça me donne des frissons…
Je suis ressuscitée à l’idée de me retrouver seule avec lui ! je suis heureuse, excitée, troublée mais surtout animée par un sentiment nouveau…
Je me demande, Houyam, ce que ressent la femme lorsqu’elle est sur le point d’être infidèle…

Mon amie, je t’aime…