jeudi 24 juillet 2008

cette nuit...

Ma chère amie,

Je me suis réveillée cette nuit en pleurant… je ne me souvenais plus de ce contenu cauchemardesque qui m’avait piqué les yeux, et certainement plus le cœur pour faire couler mes larmes, mais j’ai eu une soudaine envie d’écrire ! et j’ai écrit :

Dans la marche douce pour la fin,
on ne se soucie point de l’altitude, on ne craint pas le précipice…
tant que se dresse la voie devant, on avance seul et décidé
Pourtant à la croisée des chemins,
l’on est incapable de choisir sans ce cher allié complice
qui tend la main pour nous guider


Je me suis sentie bien tout de suite et je me suis rendormie.

Je suis heureuse de te retrouver Houyam et bien que la présence physique aurait été plus réelle et les regards plus éloquents, il y a des vérités qui ne se transmettent qu’en mots et des mots qui ne se disent pas… je te les écris donc en lettres, puissent-elles être fidèles à mes messages…

Tu m’as demandée si Adam était beau… Je sais que tu pensais aux beaux petits cœurs dont je m’entichais dans le temps ! Dieu que ça me fait rire de penser à Jamal ! Tu t’en souviens ? Notre voisin blond au teint halé par le soleil de ses longues journées de chômage, ce pauvre mur auquel il s’adossait doit toujours porter l’empreinte de sa chaussure et de son ennui ! Ma mère m’avait sermonnée à la vue de mon bulletin cette année là ! Elle m’avait brandillé une page de notre cahier de souvenirs commun où j’écrivais mon amour adolescent dans les mots bien sots d’antan ! Ce ne fût pas mon jour certes mais ce n’est pas pour autant que je me suis gardée de récidiver ! J’avais écrit quelque chose comme :

Le soleil se lève plusieurs fois le même jour, quand je l’aperçois, quand il sourit, quand il parle… le reste est nuit…

Ma mère m’avait crié : dorénavant il fera noir de jour comme de nuit alors !
Elle avait gardé cette page et avait cherché secrètement ce bel ange sans se douter que c’est Jamal qui lui faisait les courses ! Elle l’aurait accusé de je ne sais quel monstruosité telle qu’on la connaît !

Ta mère à toi était plus compréhensive de tes amourettes … peut être que tu ne lui laissais guère le choix rebelle comme tu étais, sans parler des déclarations de Khalil le fou qui noircissaient tout le quartier ! Maman avait une sainte trouille de me voir traîner avec toi ! elle craignait me laisser éconduire par tes mœurs légères… elle ne pouvait pas imaginer, avant de trouver le cahier de souvenirs, que je t’écrivais des fois des lettres en réponse à ce fou de Khalil quand tu n’étais pas d’humeur à jouer ton allumeuse… je m’en sortais plutôt bien !! (fou rire !)

Non… Adam n’est pas du tout beau… je le dis non sans satisfaction : je ne suis plus l’écervelée esthète de Jadis… Adam n’est pas beau, il est pire ! Il est si homme et si humain qu’on en oublie de bien lui saisir les traits… rien en lui n’aguiche et pourtant il éprend…
Je crois que le destin m’a fait rencontrer Majd pour connaître l’amour… Majd est un gars parfait, il en ferait rêver plus d’une… c’est pourtant à ses côtés que j’ai perdu mes songes… et que j’ai embrassé l’amour d’Adam en toute lucidité…

Tu me parles de tes milles échecs et je te dis que je ne suis pas plus heureuse en amour… Adam est non seulement l’oncle de mon fiancé mais également un papa gâteau comme je les aime et un mari fidèle…
Il n’est donc pas question de m’embraser si l’incendie risque plus de détruire que de consumer… je ne suis pas cette pyromane n’est ce pas mon amie ?
Je me confine donc à un amour impossible que je tente d’avorter et je veux que tu accompagnes ma convalescence…

Ton mariage je ne voulais pas t’en parler tout de suite, en tout cas pas avant que tu en ais envie… par contre ce nouveau que tu me ramènes légèrement en discussion ne passera pas comme ça ! Il y a mon détecteur de bijoux qui me dis que t’es tombée sur une perle et tu ne t’en tireras pas comme ça ! et quitte à me raconter de divorce je veux les détails !

Houyam, pas un instant ne passe, en dégustant une glace à la vanille, sans que je n’aie une pensée pour toi…


Bien à toi


Farah

1 commentaire:

Anonyme a dit…

mesdames vous êtes adorables!
je suis émue de lire vos confidences livrées avec tant d'art!