mercredi 1 octobre 2008

L'éthique de Machiavel

Chère amie,

Je constate avec effroi que ta curiosité légendaire a cédé du terrain à des inquiétudes latentes. Je confine alors, résignée cela va sans dire, la suite de mon histoire dans sa petite boite noir, où elle se prélasse, désormais allégée du poids du vécu, avec mout autres souvenirs bons et moins gais, et je me consacre à toi, exclusivement à me surmener les méninges, en bonne sage conseillère que je suis, mais ‘sage’ est à prendre avec des pincettes, pour essayer de décortiquer cette situation mi-dramatique mi-comique où tu te lance effrontément !

Alors écoute-moi bien petite suicidaire…

Tu ne veux point être rationnelle, et sincèrement je t’en félicite, car cela m’aurait déçu de te voir devenir une femme lucide et raisonnée, le contraire même de cette intrépide de Farah qui fait éclore les fleurs au simple fait de les sentir.

Je redeviens moi-même la machiavélique qui prône le discours dérobé auquel Nicolas avait recours pour faire valoir la république à travers l’éloge de la monarchie. Comprend moi bien, république veut dire liberté, infidélité aussi !

J’imagine également ton sourire de sorcière maintenant. J’ose même penser que je n’ai plus besoin de développer…tu sais à quoi t’attendre !

Mais je t’explique tout de même de quoi il en découle…

Ton âme est libre, ton corps tu le possède, mais Adam est à une autre, par la force des conventions! Tu ne peux, idem pour moi, savoir a priori ce qu’il en est de son cœur, de son âme, de son libre arbitre…mais tu peux tenter de renverser l’ordre universel des contrats sociaux, si tu laisse, un tant soit peu, de côté les souverains dictats des compromis et les battements incongrus de ton pauvre cœur inassouvi…mais gare à la mésestime.

Tu peux tenter de bouleverser l’ordre établit mais accepte avec humilité les aléas que ton destin pourrait t’infliger. En clair, joue le plaisir…pour le jeu, ou alors tu es d’emblée perdue à ton propre jeu.

Tu veux le séduire ? Pourquoi pas ? Tu n’es nullement la bonne samaritaine à la rescousse des âmes enclines à devenir sybarites. Tu es une femme qui va au bout de son désir car seule la témérité compte, nullement le résultat.

Si cette histoire tourne mal, je sais d’emblée que tu vas, comme à ton accoutumé, m’en vouloir, en vouloir à cette éthique que je fais mienne, de sucer à la vie son ultime sève, la déguster jusqu’à satiété et regarder la déchéance, voire la mort, avec un sourire frondeur de celle qui la nargue et attend son avènement.

Arrivée à ce stade de ma lettre, je me dis que j’ai répondu à la mauvaise question, ou peut être bien à la bonne. J’ai répondu à celle de ce que peut ressentir une femme sur le point de rendre un homme infidèle. Tu en conviens, n’est-il pas, que tu n’es nullement infidèle ? Majd, tu l’as déjà extirpé de ton cœur, s’il tant qu’il y ait déjà résidé. Nulle trahison.

Tu es sur le point de séduire un homme marié. La morale, la bonne vielle morale de ce poids social qui pèse déjà lourd sur toute notre génération, est le seul concept mis aujourd’hui en jeu. C’est un concept car jusqu’à cet instant il n’a jamais fais loi, il n’a jamais été à même de descendre de son piédestal pour nous reconquérir dignement sans user des flagellations que nous prenons à corps défendant quand, par mégarde, nous le transgressons.

Ma mie dorée, dore toi au soleil tendre de cette belle ville d’Assilah, laisse son vent jouer librement avec tes boucles émeutières et le bleu de ses murs émouvoir l’homme de ton présent.

Si dans son cœur résiste encore quelques miettes de liberté, si son corps est toujours ce réceptacle de sa volonté et des élans de son cœur…tu auras réussi le défit d’être enfin la femme qui veut.

Et n’oublie jamais ce dicton imbécile mais encore vérifiable « si femme veut, Dieu, sa créature, la plus faible, l’homme…veulent » !

Par contre, sois indulgente, ne fais lire ma lettre à personne…car je risque de subir les pires châtiments. Je risque d’être suppliciée, dénigrée, avilie…et par Dieu et par sa jolie créature dont je ne me lasse jamais…l’homme.

Ah ces hommes et ce qu’ils me font penser et écrire…je m’en délecte et m’en étonne toujours.

Ma mie, n’oublie pas en entament ta brave mésaventure de faire quelques prières pour moi devant le marabout des amoureux…à Assilah.

Je t’embrasse, en gardant les mains sur mon cœur, déjà effrayé à l’idée de recevoir ta prochaine missive.

Houyam

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Regrettons que cette si vitale curiosité s'arrête dés l'ouverture du coffret à surprises, ensuite on déballe, on remue, on cherche avec avidité, convoitise ou renoncement, c'est selon...

Maha a dit…

J'aime!

Anonyme a dit…

ça c'est pas bien du tout !! hihihi
tu l'incites à la débauche!!

débauche toi farah!!!

Fedwa a dit…

Houyam je pense que tu vas la perdre la petite Farah!
alors je te dis: VAS Y! :))